Faith M. Campbell - Lost Star

Peu importe comment tu le planifies, ce qui compte c’est ta manière de l’envisager.

Assise sur le petit canapé prêt de la fenêtre, je lis le vieux journal intime de ma mère.  Mes larmes commencent à couler, je n’en peux plus, j’aimerais que cette douleur s’arrête, que les années qui sont déjà passer y fassent quelques choses, mais rien ne change. J’ai l’impression que c’était hier, qu’on me l’enlever il y a quelques heures. La porte d’entrée claque, je sèche mes larmes d’un revers de la main et me dirige vers mon père qui revient avec un bouquet de fleurs, comme chaque année à cette période de l’année. Il me sourit, ça sera une journée silencieuse, mais je ne peux pas lui en vouloir. Je le regarde disposé les fleurs dans un vase et me perd dans mes pensées.

« Maman ! Regarde ce petit poney, c’est celui-là que je veux ! »Maman m’achète un poney pour mes cinq ans, c’est la plus belle journée de ma vie. Papa a pu se libérer de sa journée pour l’occasion, c’est une chose rare alors je compte bien en profiter. Je m’approche du petit poney blanc avec ces petites taches marron et lui encercle l’encolure de mes petits bras.  Lorsque nous sommes de retour à la maison, des petits paquets cadeaux sont disposés sur la table, Madame Griffin, la servante me souris et pose mon gâteaux d’anniversaire sur la table, je suis toute excitée et souffle mes bougies en faisant le vœu de vivre des journées heureuse comme celle-là, tous les jours !

Le fracas du vase par terre me sort de mes rêveries, je regarde papa, il est à genoux par terre, il pleure. Je me sens mal à l’aise, mais les servantes ne sont pas là aujourd’hui, elles nous laissent nous recueillir. Je me dirige vers l’évier et prend un torchon, une pelle et la balayette. Je pose mes mains sur le rebord, respire un bon coup, retient vers larmes en me mordant la lèvre et retourne vers lui. Je ne sais pas ce que je dois faire, mais sans réfléchir, je pose ma main sur ces épaules, et le laisse finir de pleurer tranquillement. Je me dirige vers le placard, prend un autre vase et fini ce qu’il avait commencé avant de retourner sur le canapé.  Je ne sais pas combien de temps je me suis endormie, mais lorsque j’ouvre les yeux, la cheminée est allumée, le feu crépite et me réchauffe le visage. Papa m’a déposé une couverture sur les jambes, mais je n’entends aucun bruit dans la maison, il est surement aller se coucher. Je n’arriverais jamais à dormir, alors je laisse aller mes pensées, et laisse couler les larmes, demain sera un jour meilleur.

« Faith écarte toi de la fenêtre ton nez va geler »  me dit maman depuis le canapé. J’ai huit ans, le nez colée contre la vitre du salon et je regarde la neige tombée. Les gens marchent prudemment dans la rue,  les servants de la maison déneigent le chemin. Je me retourne alors vers maman, mais avant même que je n’ai le temps de dire quoi que ce soit, elle s’écrit «  Ça te dis d’aller faire un bonhomme de neige dehors ? » Ma joie et mon excitation doivent se voir sur mon visage car elle explose de rire et me plante un bonnet sur la tête.  Je n’ai pas le temps de mettre mon manteau, je cours dehors en chaussettes et manque de me casser la figure plusieurs fois. «  Faith, vient au moins mettre tes chaussures et ta veste, tu vas attraper mal sinon et on ne pourra pas aller voir le village du père noël » Je sais qu’elle le fait exprès, mais vous savez quoi ? Ça fonctionne.  Une heure plus tard, alors que je plante la carotte dans le visage du bonhomme de neige dont je suis très fière, maman revient vers moi avec des petits cailloux pour faire les boutons de son manteau, mais elle glisse sur une plaque de verglas, sa tête frappe le sol. Je cours vers elle, elle est inconsciente et du sang s’écoule de son front, j’ai peur, je tremble. «  PAPA ! »  Mais aucune réponse ne me vient, il doit surement avoir mis en route le tourne disque. Je repose délicatement la tête de ma maman sur le sol, enlève mon manteau et lui dépose sur elle, et je cours dans la maison chercher mon père. Nous descendons les marches deux par deux. Il ne doit s’être écoulée que quelques minutes, mais pas plus de deux. Lorsque nous arrivons, un homme est accroupi au dessus d’elle, sa bouche au niveau de la nuque de ma maman, je hurle, mon père m’éjecte dans la maison et referme la porte. Lorsque que j’atteins la fenêtre, je vois mon père tenant ma mère dans ces bras.

Les rayons du soleil me brulent les yeux, je ramène mon bras et vais pour me retourner mais je bascule et me retrouve par terre, devant la cheminée. Je me souviens alors de la nuit fantastique que je viens de passer, mais pas le temps pour les souvenirs, une odeur vient me titiller les narines. L’horloge n’indique pourtant pas l’heure à laquelle les servants sont là, intriguée je me lève et découvre mon père aux fourneaux. «  Hey princesse, bien dormi ? » Ce surnom m’arrache un pincement au cœur, mais je refoule vite ce sentiment, et souris à son intention en guise de réponse. Je n’ai jamais eu de vraie discussion avec mon père depuis ce jour là, les moments père-fille sont alors presque inconnu pour moi. « Tu cuisines depuis quand exactement ? »  Il me regarde, lève un sourcils, éclate de rire et me regarde bien droit dans les yeux «  Depuis que ma fille préfère dormir par terre, je me suis alors dis que j’étais un mauvais père et qu’il était temps de t’acheter un lit » Je sais qu’il rigole, mais il se fait, par la même occasion, un reproche à lui même. Je prends alors deux pancakes, verse une bonne quantité de sirop d’érable et commence à déguster. « Je risque de rentrer tard ce soir, je dois rendre visite à un client, M. Krenaste, tu te souviens ? » Je manque d’avaler de travers, tousse plusieurs fois, si je m’en souviens ? Comment oublier …

Le bal d’hiver. Mon père m’oblige à y aller chaque année, au début je rechigner, mais c’était lorsque je faisais ma crise d’adolescence, mais depuis que j’ai découvert une passion pour les jolies robes, je n’en rate aucun. Pour tout vous avouer, depuis ma rencontre avec lui, je ne regrette plus aucun de ces bal. J’étais au bras de mon père, il discutait avec des clients, j’étais désormais la seule femme de la famille, alors je me devais d’être présente devant eux. Je les entends parler de recherches,  d’informations. Comme si je ne savais pas de quoi ils étaient en train de parler. Je les écoutais d’une oreille lorsque mon père prononça un nom différent «  M.Krenaste, c’est un plaisir de vous revoir. Il me semble ne jamais vous avoir présenté ma fille, Faith » Je sentais déjà la honte me montait au visage, mais quand je croisa son regard, c’était pire que ça. Ces yeux qui me fixait, mon cœur qui ratait un battement.  Je devenais tout simplement ridicule, et à part bégayer quelque chose qui ressembler à mon prénom, je n’avais rien dit d’autre.  Il discutait avec mon père d’affaire, je me sentais un peu mal à l’aise, surtout qu’il avait l’air de savoir de quoi il parlait, alors qu’il ne devait pas avoir plus de 30 ans si je ne me trompe pas, il était déjà dans ce milieu là alors que moi j’avais du mal à choisir mes céréales le matin. Mon père du s’absenter un instant, me laissant seul avec lui. Je tentais des regards de temps en temps, mais pour tout vous dire, il m’impressionnait un peu trop.

« Faith ? Tu as un petit peu du sirop d’érable sur le menton, m’enfin je dis ça mais c’est juste une petite information » Regardant mon père en faisant semblant de lui bouder, j’essuyais les dégâts et repensai à se prénom qui me faisait une sensation bizarre. Comment le souvenir de quelqu’un, son prénom, son regard, peu autant vous chambouler ?